dimanche 21 février 2010

YOU CAN CALL HER LUCIFER

Mercredi soir, concert incroyable de HOLE au Shepherd's Bush Empire de Londres.
N et moi sommes arrivées le matin par l'eurostar. Journée de shopping intensif sur Oxford street et Covent Garden, fish'n'chips vers 16h...
La pression monte en nous dirigeant vers la salle de concerts : va-t-elle annuler à la dernière minute comme elle en a la spécialité ? Sera-t-elle bourrée, défoncée, incapable d'aligner deux accords ? Va-t-elle quitter la scène au bout de trois morceaux ?..
En attendant notre idole absolue, nous dégotons deux pures places : au 2ème balcon, pile en face de la scène, personne devant nous pour nous gâcher la vue.
La 1ère partie est anecdotique, la 2ème est marrante (une bande d'acrobates fous furieux).
Puis les roadies préparent la place pour Hole : un étendard portant guillotine, couronne et gouttes de sang est dressé dans le fond de la scène. So Marie-Antoinette !



Le groupe se fait légèrement attendre, juste ce qu'il faut, puis ils entrent en scène un par un, bien sûr Courtney arrive en dernier. La dernière rockstar vivante.
Acclamations assourdissantes, public hystérique. Courtney enfile sa guitare et attaque tout de suite Pretty on the inside : le public chante en choeur, tellement fort qu'on se croirait à un concert des Beatles, quand les amplis n'étaient pas assez puissants pour couvrir les cris des groupies... Mais Courtney envoie sévère, elle gueule dans son micro comme à l'époque, avec toujours autant de rage. Elle enchaîne les trois premiers morceaux sans s'arrêter (je m'apercevrais plus tard que le second était une reprise de Sympathy for the Devil, je ne l'avais pas reconnu sur le moment, quelle inculture).



Puis lance "You can call me Lucifer". Elle continue avec Miss World, je sens le plancher sauter sous mes pieds, toute la fosse est prise dans un pogo géant.



Je ne me souviens plus de l'ordre de la setlist mais elle joue tous les tubes : Violet, Reasons to be beautiful, Malibu, Celebrity skin, Northern star, et, en rappel, Doll parts.





Elle joue aussi les morceaux du nouvel album, qui sonnent vraiment pas mal du tout ! Le dernier en acoustique, seule sur scène avec sa guitare sèche, un truc comme "I don't care [...] I will never be hungry again".



Elle assure à fond, avec son nouveau groupe le live est beaucoup plus carré que les versions salle de bain auxquelles elle nous avait habituées N et moi. Elle a les cheveux très longs, blond californien. Un bandeau hippie doré qu'elle vire au bout du 3ème morceau. Une image m'a marquée : éclairée de face, elle ressemble à une poupée blonde, éclairée de dos ses cheveux deviennent transparents et deviennent blancs avec des reflets verts et bleu, des ombres se creusent sur son visage, c'est une sorcière. Elle porte une robe courte à froufrous, à la Cendrillon, des collants dentelle et des souliers Louis XV vert émeraude. Ses jambes sont toutes fines.
Elle dit aussi "I'm not so bad for an old lady", elle est touchante.
Après le concert N et moi nous postons près de la stage door dans l'espoir d'entrevoir Courtney, dans le froid glacial. Quelques fausses alertes, quelques coups d'esbroufe plus tard, elle sort enfin !! J'ai presque loupé son apparition. Elle fait mine de demander la permission à un grand type qui l'accompagne (son manager ?), puis elle se dirige vers nous, la grappe de fans irréductibles qui l'avons attendue pendant plus d'une heure. Elle paraît d'abord désemparée ("Par où commencer ?"), puis elle se met à serrer les mains, en commençant par notre côté. N a préparé sa pochette de Live Through This et un marqueur, mais Courtney n'a pas de temps pour les autographes, elle serre la main de N, elle serre la mienne, elle me regarde droit dans les yeux et je suis tellement abasourdie que tout ce qui me vient à l'esprit, c'est de lui dire "Thank you", elle répond "Thank you so much for coming" puis continue d'arpenter la barrière. Les fans plus loin en ont plus profité, ils réclament une bise, ils se prennent en photo avec elle. Justement j'ai voulu ne pas gâcher ce moment, ne pas me soucier de prendre des photos, me concentrer sur la sensation de voir Courtney Love en vrai, pour la première fois depuis 12 ans que c'est mon idole absolue. Il ne me reste que le souvenir de son regard limpide, et l'impression d'infinie bonté qui s'en dégage, cette gentillesse qu'elle a au fond du coeur, et la fragilité de sa main. Mais déjà ce souvenir commence à s'atténuer et je m'y raccroche de toutes mes forces.