
Après une enquête acharnée et de multiples hypothèses, j'ai retrouvé trace de l'histoire de ce bâtiment dont l'architecture fait froid dans le dos.
Il s'agit bien d'un ancien sanatorium, répondant au doux nom de Royal Aubrac.
Fermé le 21 octobre 2006, l'établissement, sanatorium en début de carrière, est un bien immobilier pas comme les autres. Le bâtiment est gigantesque avec ses 3 600 m2 répartis sur quatre niveaux (près de 6 300 avec les annexes), ses soixante chambres qui totalisent 250 lits. Il est si vaste que l'on y mettrait plusieurs villages comme celui d'Aubrac. Bref, le Royal est hors normes, caractéristique qu'accroît encore sa situation géographique : la bâtisse est juchée sur un plateau loin de tout, notamment d'un grand centre urbain, ou de la mer : seules les vaches moutonnent dans un paysage sauvage qui n'est même pas montagnard.
Malgré ou plutôt à cause de ces caractéristiques hors normes, les acquéreurs ne se sont pas bousculé au portillon : « On a eu vingt à vingt-cinq contacts dont beaucoup farfelus. » (source : La Dépêche)
On ne trouve que très peu d'informations sur la vocation première de sanatorium du Royal Aubrac ; il n'y est même pas fait mention dans la page "Sanatorium" de Wikipedia. J'imagine cependant que cette activité a dû cesser dans les années 50, époque à laquelle furent découverts les antibiotiques, permettant de lutter contre les maladies habituellement traitées dans les sanatoriums : tuberculose, scrofule, phtisie... La plupart des sanatoriums ont dû fermer leurs portes à cette époque-là.
Le Royal Aubrac a ensuite accueilli un centre aéré (à partir de quand ?). Dans les années 80 et 90, la dynamique était positive, mais la fréquentation du Royal Aubrac a périclité avec la désaffection pour les colonies de vacances et les classes de découverte. Devant le gouffre financier que le bâtiment représentait, la décision de vendre devenait inéluctable, d'autant plus qu'une coûteuse remise aux normes incendie était nécessaire.
L'ancien sanatorium est donc resté fermé quelques années, abandonné au rude climat hivernal du plateau, avec pour seule compagnie les vaches Aubrac en été.
Il a trouvé acquéreur en Avril 2008, et les travaux de rénovation pour transformer le Royal Aubrac en hôtel sont supposés avoir débuté en Janvier 2009. (Quand je suis passée devant en Septembre dernier, il n'avait pas l'air d'avoir bougé d'un pouce par rapport aux photos des années 20. On dirait vraiment que "Death Tunnel" a été tourné là-bas...)
Cet hôtel sera-t-il hanté ? Entendra-t-on, la nuit venue, des grincements inquiétants, des voix qui sortent des murs, des portes qui claquent sans raison ? Apercevra-ton des silhouettes blanchâtres traverser les couloirs ?
À suivre...