Un documentaire qui se regarde comme un bon film, où on ne s'ennuie pas une seule seconde.Le portrait d'une légende vivante, Anna Wintour, qui apparaît humaine et souriante, loin de l'image glaciale qu'en donnent habituellement les médias.
Et étonnamment, la grande prêtresse de la mode (voire même son Pape !, dixit Grace Coddington, bras droit d'Anna Wintour) que l'on pourrait croire fashion addict, ne fait là que son boulot. Son uniforme habituel pour aller bosser est la robe à fleurs longueur genou : rien d'ultra-pointu, donc.
Anna Wintour décide de tout, du bracelet que doit porter Coco Rocha sur la page 226 du magazine, au choix des chemises de la prochaine collection de Thakoon pour Gap qui seront dignes d'être commercialisées.
Comme elle le dit elle-même, sa plus grande force est sa "decideness", que l'on peut traduire par "esprit de décision". Et aussi, sa capacité à choisir les photos qui figureront dans le magazine, sur d'autres critères que la seule esthétique.
Cette froideur qui lui est souvent reprochée n'est en réalité que de la franchise : quand quelquechose ne lui plaît pas, elle n'y va pas par quatre chemins, elle le dit, point. Quelquefois cash, d'autres fois en blaguant. Mais jamais méchamment.
Un personnage fascinant, contrebalancé par Grace Coddington, qui incarne le versant rebelle de la rédaction. Grace, ancien mannequin des années 60, look de hippie dark, chevelure rousse vaporeuse, montre une réelle passion pour la mode et surtout les photos de mode. Mannequins et vêtements sont savamment mis en scène dans des décors magnifiques (cf. la série photo années 20), mais tous ses efforts finissent souvent à la trappe, lorsque tombe le couperet de l'impitoyable Anna Wintour. Grace sait qu'Anna aura toujours le dernier mot, alors elle se venge comme elle peut, en évoquant le budget du magazine devant les caméras, ce qui donne lieu à de savoureux moments de comédie dans le documentaire.
Un autre moment très drôle se trouve à la fin du film, lorsqu'Anna Wintour présente la maquette du numéro de Septembre aux actionnaires du magazine. Elle qui domine toujours les réunions de travail, à qui tout le monde vient présenter ses croquis et photos dans son bureau en quêtant son approbation, se retrouve à la place de l'employée de base faisant une présentation powerpoint ! Les rôles sont renversés. Mais on sait qu'elle n'a rien à craindre, et elle le sait aussi bien que nous : c'est elle la spécialiste, les actionnaires peuvent lui faire confiance les yeux fermés, eux qui ne connaissent rien à la mode.
Phrase culte du film : "Cette année, la veste est le nouveau manteau."
