mercredi 2 septembre 2009

Le désert des Tartares

C'est mon bouquin en cours.
Il met en scène Giovanni Drogo, jeune lieutenant qui vient d'être affecté à l'insu de son plein gré au fort Bastiani. Il s'agit d'un poste frontière isolé de tout, qui garde l'entrée du royaume du Nord, avec vue imprenable sur l'immense plaine désertique dite des "Tartares", plaine qui selon la légende n'a jamais été franchie par personne. Mais, il faut bien surveiller cette frontière, sait-on jamais...
Giovanni débarque donc dans cette garnison dont il ne connaît à peu près rien. Il se rend compte tout de suite qu'il va s'ennuyer à mourir dans un lieu isolé comme ça, sans aucune distraction. Il demande donc aussitôt sa mutation, le médecin du fort lui promet de le faire partir d'ici 4 mois, en le déclarant inapte lors de la visite médicale.
Giovanni passe donc ces 4 mois à attendre son départ prochain, en même temps il s'intègre à la vie du fort où tout est millimétré, heures des repas, relèves de la garde, parties de cartes au mess des officiers...
Arrive le délai fatidique, et Giovanni surprend son monde en décidant de rester au fort jusqu'à la fin de son service de 2 ans. Oui car à force de guetter la plaine des Tartares et les nappes de brume qui masquent l'horizon, il s'est pris à espérer, comme tous les soldats du fort Bastiani, que quelqu'un, quelquechose apparaisse au loin. Il espère de toutes ses forces que l'armée du Nord va venir attaquer la garnison, et qu'il pourra alors accomplir les actions héroïques dont il rêve -l'espoir fait vivre, comme dirait l'autre.
Giovanni reste et attend.
Un beau jour, le voeu de toutes les sentinelles s'exauce : des hommes en armes, une véritable troupe d'assaut, nombreuse, émerge de la brume et s'avance vers le fort !
C'est le branle-bas de combat ! A force de s'être préparés à ce grand jour, les soldats du fort sont presque démunis devant l'imminence de la guerre !
Mais c'était trop beau pour être vrai : un messager arrive in extremis pour leur annoncer que ces hommes du Nord ne sont là que pour effectuer des relevés cadastraux dans les montagnes aux alentours.
C'est une immense déception, et les soldats du fort finissent par se douter qu'il n'y aura jamais de guerre ni d'héroïsme possible ici.
Giovanni obtient une permission de 2 mois, il retourne dans sa ville retrouver sa mère, ses amis, et sa fiancée, qu'il n'a pas revus depuis 4 ans.
Là, c'est le choc des cultures : dans son isolement militaire, il a oublié la ville, et la ville l'a oublié. Il ne sait plus comment faire la conversation en société, il ne connaît d'ailleurs rien à ce dont on parle dans les salons, il s'aperçoit que sa famille, ses amis vivent très bien sans lui... Ils vaquent à leurs activités respectives, dont Giovanni est exclu. (Ce passage du bouquin est d'une tristesse infinie.)
Il a attendu trop longtemps pour revenir dans le monde réel, il y est désormais inadapté.
J'ai fini le bouquin depuis que j'ai commencé à rédiger ce message, je ne vais pas vous raconter ce qui se passe ensuite pour ne pas vous gâcher la fin, mais lisez-le, ce livre vaut le détour !